Les festivités de la célébration du Centenaire de Bugatti ont atteint leur paroxysme à Molsheim en septembre 2009. En effet, ce ne sont pas moins de 10.000 visiteurs (selon la presse locale) qui se sont rendus au Festival Bugatti spécial centenaire du dimanche 13 septembre dernier et qui ont ainsi submergé la petite ville alsacienne.
Retour sur cet événement exceptionnel auquel j’ai pris part avec un reportage mêlant histoire, déroulement de la manifestation, ainsi que mon expérience et mes impressions personnelles …
En 1909, Ettore Bugatti vient s’installer en Alsace à Molsheim (à 25 km au sud ouest de Strasbourg) pour y construire ses premières voitures. La production croit rapidement en parallèle de l’augmentation de la notoriété de la marque grâce au palmarès inégalé de plus 10.000 succès sportifs acquis en quelques années. Malheureusement, la production cessera après la seconde guerre mondiale, en raison notamment de la disparition tragique quelques années plus tôt de Jean, le fils d'Ettore, qui avait repris les reines de la société. Après plusieurs tentatives de reprises plus ou moins abouties (notamment au début des années 1990 avec un consortium italien qui a développé l'EB110 puis a fait faillite), la production bat désormais à nouveau son plein au sein des ateliers de Bugatti Automobiles SAS (propriété de Volkswagen depuis 1998) avec l’assemblage des Veyron et Grand Sport à quelques pas du fameux château Saint Jean, 100 ans après l’installation d’Ettore dans la région alsacienne.
Peu d’informations étant parues dans la presse sur l’organisation précise de l’événement, je décide de me rendre à Molsheim le samedi 12 après midi au cas où quelques bugattistes seraient en avance. En arrivant à quelques centaines de mètres des ateliers, je remarque que plusieurs dizaines de personnes sont déjà installées à l'entrée de Bugatti Automobiles SAS et qu’une effervescence inhabituelle semble régner. Et, en effet, surprise pour moi, des Bugatti de toutes les époques (des premières jusqu’aux tous derniers modèles) arrivent pour se rendre au sein de la société où leurs propriétaires sont attendus pour une visite des ateliers.
C’est pour moi l’occasion de voir une Veyron blanc nacré et bleu clair arriver, se frayant un chemin dans la foule dense. Il s’agit en fait de la pré série 5.01 achetée il y a peu par un alsacien d’Obernai (voir l'article sur cet exemplaire). Celle-ci est l’exemplaire que l’on peut voir faire des tests sur le lac salé et sur neige… L’après midi commence donc bien !
Malheureusement, seuls les propriétaires de Bugatti et quelques invités triés sur le volet peuvent entrer, les autres restants au dehors. Derrière les grillages, j’aperçois sur le parking de nombreuses Veyron stationnées.
J’apprendrai par la suite qu’il s’agit de voitures clients et que leur nombre était presque de 50. Soit près d’un quart de la production réalisée à ce jour…
Un peu plus loin, il semble que des prototypes soient présentés : il s’agit des EB 112, 118, 218 et de la Chiron, précurseur de la Veyron. Les invités ont décidément beaucoup de chance d’avoir accès à cet événement.
Me rapprochant du Château Saint Jean, j’aperçois deux Bugatti Royale stationnées juste devant celui-ci. Malheureusement, de gros thuyas, bouchent la vue pour garantir la tranquillité des invités.
Un peu plus loin, de plus récentes EB 110 et EB 110 Super Sport sont également garées.
Je décide ensuite de repartir vers l’entrée de l’entreprise.
En passant, j’aperçois entre les arbres 2 « Edition Centenaire » de la Veyron : la bleue et la rouge ; toutes deux accompagnées de leur ancêtre la Type 35.
La verte et la blanche sont peut être également présentes, mais de l’extérieur, impossible d’en voir plus.
Une version Pur Sang est également présente.
Là encore, je verrais plus tard qu'en plus de la Pur Sang étaient également présentes une Hermès et surtout la Grand Sport Sang Bleu
Une autre incroyable Grand Sport était aussi de la fête. Il s'agit de la superbe version Blanc Noir
Pendant ce temps, une Grand Sport noire avec intérieur rouge entre et sort régulièrement de l’entreprise. Elle est conduite par Pierre Henri Raphanel, ancien pilote de F1, désormais au service de Bugatti. Lors de ces sorties, il y a toujours un passager – probablement un journaliste ou un des invités. Je décide de la suivre en voiture sur une de ses sorties. Comme elle roule sur route ouverte, il est possible de rester à ses côtés, sauf bien sûr, lorsque son pilote décide de montrer à son passager les capacités d’accélération incroyable de son bolide.
De retour à Molsheim, je me poste à un rond point peu avant l’usine. Il est déjà près de 18h00.
Une EB 110 blanche sort de l’usine ainsi que certaines anciennes Bugatti.
Pour clore la journée en beauté, plusieurs Veyron conduites par leur propriétaire respectif quittent également le site : une noire, une violet foncée avec intérieur beige, une noire et grise, la blanche et bleue aperçue au début de l'après midi puis une incroyable série de 4 Veyron dont la Pur Sang ; cette série étant suivie par une Pagani Zonda.
J'ai également pu faire quelques vidéos de cette incroyable concentration :
La vidéo suivante est de Marc qui était également sur place ce jour là.
J’apprendrai ultérieurement dans la presse locale que ces 4 Veyron ainsi que la Pagani ont stationné dans sur le parking d’un hôtel d’Ottrott, situé à une vingtaine de kilomètres de là.
A 19h00, je décide de repartir chez moi, la tête pleine de souvenirs. La nuit allait être longue dans l’attente de l’événement officiel du lendemain.
Le dimanche matin était organisée une cérémonie à la mémoire de Jean Bugatti, le fils d’Ettore qui avait repris la société dans les années 30. Cet hommage avait lieu à Duppigheim à l’endroit où Jean s’est tué à 30 ans au volant de sa Type 57C en essayant d’éviter un cycliste. Une gerbe de fleurs est déposée sur la stèle du fils d’Ettore en présence du seul et unique exemplaire d’une Veyron bicolore noire et jaune.
L’événement de l’après midi a été annoncé dans la presse locale, notamment sur France 3 Alsace qui retransmet celui-ci en direct. Ceci explique probablement le succès populaire, succès renforcé par la présence bienveillante du soleil en cette mi-septembre.
Les organisateurs, qui ont tracé un circuit en centre ville, annoncent une centaine de Bugatti qui devraient passer par série de 10 à 4 reprises sur le circuit de 1.8 km.
Malheureusement, l’événement ne va pas être à la hauteur de mes espérances, qui ont d’ailleurs augmenté à la suite de l’après midi du samedi. En effet, premier écueil, la ronde des « Purs Sangs » démarre avec plus d’une heure de retard, les spectateurs commençant alors à quelque peu s’impatienter. Deuxièmement, les séries sont composées au maximum de 6 à 7 voitures et non de 10 comme cela était annoncé. Celles-ci sont certes très bien entretenues et présentées par leur propriétaire mais, troisième problème, elles ne passent que deux fois. Enfin, dernier écueil, le temps d’attente entre deux séries est extrêmement long, atteignant parfois plus d’une demi-heure.
Il semble que les organisateurs se soient vus débordés par le succès populaire de cette manifestation qui a probablement empêché les voitures d’accéder correctement au tracé situé au centre ville depuis leur stationnement au sein de l’usine Bugatti. Par ailleurs, je pense également que la présence de France 3 Alsace interviewant longuement certains propriétaires a aussi joué un rôle dans l’accumulation du retard.
Revenons à l’événement… Les organisateurs ayant annoncé des séries de 10 voitures, je garde cependant l’espoir qu’une dizaine de Veyron défilent. Et là aussi, espoirs déçus puisqu’une seule Veyron se présentera. Il s’agit de la version 5.01 blanche et bleue aperçue la veille.
Elle aussi ne fera que deux passages dont une accélération à l’endroit où je me situe. Lors de son passage, le silence se fait dans la foule.
Beaucoup de spectateurs sont probablement venus pour la voir. Elle reste stationnée un long moment devant le podium de France 3 Alsace avant de repartir à l’usine.
Il est regrettable que Bugatti Automobiles SAS n’ait pas présenté quelques unes de ses Veyron ou Grand Sport. Ce sentiment personnel est d’ailleurs renforcé par le fait que lors des festivals précédents (qui se déroulent chaque année mi-septembre à Molsheim) l’usine présente à chaque fois une voiture… En 2008, c’était la Faubourg par Hermès (à 1.8 millions d’euros) qui participait.
Pour le reste, de nombreux modèles de Bugatti défilent : de la Type 35 à l’Atlantic en passant par les Type 13 Brescia, Type 23, Type 39, Type 57, … ou encore l'EB 110 blanche. Certains pilotes s’amusent même à réaliser quelques dérobades maîtrisées de leur monture. Ces voitures qui ont parfois plus de 70 ans ont encore de beaux restes… Il faut cependant remarquer que certaines sont des répliques ou des restaurations.
Il est à noter que la fameuse et très rare Bugatti Royale ne défilera pas. Il est vrai que sa valeur astronomique nécessite probablement de prendre des précautions !
Pour conclure la journée, une quarantaine de Bugatti mythiques défilent à partir de 21h00 sur un podium éclairé et sonorisé. Cette partie était peut être la plus enthousiasmante de la journée.
Mais point de surprise puisque ce sont les mêmes véhicules que l’après midi qui sont présentés et mis en valeur d’une façon conviviale. Cette présentation est assez sympathique et les spots font ressortir les couleurs des voitures. C’est comme cela qu’on peut constater le très bon état de conservation, d’entretien ou de reconstruction de ces véhicules. Enfin, un feu d’artifice termine bruyamment la soirée peu après 22h00.
On apprendra par ailleurs par la suite que Bugatti a présenté lors de son événement privé au sein du château Saint Jean le concept 16C Galibier, une berline 4 portes dotée du moteur de la Veyron avec en lieu et place des 4 turbos 2 compresseurs. Ce modèle pourrait succéder à la Veyron d’ici environ 2 à 3 ans sur les postes de montage de Molsheim.
Au final, cet événement laissera un bilan en demi-teinte. Si les voitures présentes étaient très bien présentées et entretenues, l’organisation était pour le moins chaotique. Enfin, pour être sincère, l’après midi du samedi avait certainement généré trop d’attentes de ma part. Ce week-end restera toutefois marqué dans mes souvenirs. Ce n’est en effet pas tous les jours qu’on peut apercevoir, voir ou même suivre plusieurs Veyron !
Le mois de septembre 2010 sera l’occasion d’un festival Bugatti classique avec probablement beaucoup plus de simplicité et moins de spectateurs… Alors, passionnés de Bugatti, à vos agendas, celui-ci devrait se dérouler le week-end des 11 et 12 septembre.
Je remercie Nicolas du site arthomobiles.fr ainsi que Marc et Bruno pour leur contribution à cet article.
/fdata%2F3762112%2Favatar-blog-1149921686-tmpphpHgdQ6y.jpg){kind=avatar}